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Session initiée et animée par Cristina Bertelli et Indira Bonvini *
L’océan est un acteur majeur du climat. Il relâche de l’oxygène et absorbe un tiers du CO2 émis dans l’atmosphère ; bien que 93 % de la hausse de la température mondiale soit absorbée par son immensité bleue. Il représente 70% de la surface de la planète. Avec une profondeur moyenne de 3.700 mètres, l’océan est le plus grand gisement existant de biodiversité.
Sous les feux des projecteurs, l’actualité de l’Océan s’impose durement : élévation du niveau de la mer, acidification de l’eau, inondations, tempêtes sans précédent… La hausse des températures atteint des niveaux record et la baisse de la biodiversité devient préoccupante. On sait que l’influence de l‘océan sur le climat est déterminante, pourtant une grande partie de l’océan nous est inconnue. A titre d’exemple seulement 20% des fonds marins ont été cartographiés. Aussi, on ne connait pas assez les courants océaniques profonds : cela pour des difficultés d’accès, le coût important des opérations, les difficultés technologiques imposées par la profondeur abyssale…
La connaissance des fonds marins se révèle cependant incontournable pour définir et calibrer les stratégies d’orientation de nos interventions humaines à venir.
Déroulement
Le traité de l’ONU, espoir de « sauvetage en mer » ? Rappel des enjeux
La connaissance par l’observation de l’environnement océanique face au réchauffement climatique : un énorme défi
Par Sabrina Speich : germano-italienne, elle est océanographe et climatologue et professeure à l’École Normale Supérieure de Paris en qualité de directrice de département de Géoscience. Ses recherches portent sur la dynamique des océans et leur rôle dans le changement climatique. Elle est membre du Laboratoire de météorologie dynamique de l’institut Pierre Simon Laplace.
Il est essentiel de comprendre en détail les processus océaniques et leurs influences sur d’autres sous-systèmes climatiques pour pouvoir établir des prévisions météorologiques et climatiques aussi précises que possible et aider la société à s’adapter au changement climatique et gérer les ressources océaniques de manière durable.
La recherche océanographique repose sur la théorie, l’observation et la modélisation numérique. Cependant, la circulation océanique est très turbulente et complexe. Son étude par des approches théoriques se fait dans un cadre très simplifié, loin de cette complexité. Les approches de modélisation numérique nous informent sur des phénomènes importants de la circulation des courants marins mais elles ont aussi des limites importantes et reproduisent la réalité avec une forte approximation. La seule façon d’obtenir une vision solide des phénomènes en jeu pour guider la compréhension de la dynamique océanique et de l’évolution du système sous l’effet du changement climatique est de l’observer sur le terrain.
Aussi, la connaissance par les observations de l’état de l’océan, à sa surface et en profondeur, est primordiale pour les services opérationnels tels qu’effectuer des prévisions météorologiques et du climat qui soient pertinentes ou bien gérer les situations de crise dues à des tempêtes, cyclones tropicaux, inondations, fortes pollutions accidentelles, sauvetage en mer, etc. Malgré cette importance, l’observation de l’environnement océanique est un énorme défi à bien des égards.
De l’accélération économique à une gestion durable de l’océan.
Par Claire Jolly : Cheffe d’unité au sein de la Direction de la science, de la technologie et de l’innovation (STI) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), et est en charge de la recherche dans des domaines stratégiques pour nos économies pour notre planète : l’océan et l’environnement spatial, fournissant des données et des analyses sur leurs dimensions économiques, leurs potentiels d’innovation et leur durabilité. Elle dirige notamment le Groupe de l’OCDE sur l’économie de la Mer. Elle a plus de vingt ans d’expérience dans l’analyse économique et les politiques publiques, aidant à la prise de décision et la planification stratégique dans des organisations publiques et privées en Europe et en Amérique du Nord. Elle a une formation en économie internationale et en ingénierie.
L’observation de l’océan est devenue multiforme, permettant - grâce à la coopération internationale, mêlant de nombreuses communautés scientifiques -, de mieux connaître les processus climatiques, environnementaux et écosystémiques. L’observation océanique permet aussi comme jamais auparavant de traquer les pratiques (bonnes et mauvaises), les pollueurs, mais aussi les impacts à long terme des activités humaines. Mais il reste encore beaucoup à apprendre et à comprendre (comme cela est détaillé dans la présentation de Sabrina Speich), alors que les enjeux vont grandissant. Plusieurs points critiques de basculement climatiques et liés à la biodiversité deviennent plus apparents pour nos sociétés, alors même que l’utilisation des mers ne cesse de croître. Cette présentation reviendra sur certains de ces accélérations économiques affectant l’océan, et qui ont été à peine freinée par la période de pandémie mondiale que nous avons traversée. Le développement économique de plusieurs secteurs en milieu côtier et en haute-mer a des impacts positifs en matière d’emploi et d’innovation, mais aussi des externalités environnementales accrues. L’opportunité que nous avons est d’utiliser nos multiples moyens actuels pour mieux gérer nos activités dans l’océan, de façon nationale et collective. Des instruments politiques et réglementaires existent déjà et sont à disposition des États. Et la mise en place, structurée et sur le long terme, de diverses observations océaniques pourra fournir les outils, nous le souhaitons, d’une gestion enfin durable de l’océan.
Les interventions seront suivies d’échanges avec le public