« Concrètement, depuis cette application, les Français pourront pendant un mois répondre à des questions ouvertes ou à choix multiples sur un motif déterminé. Le gouvernement viendra ensuite interagir depuis cette application pour apporter des réponses.
Les trois premières seront consacrées aux transitions écologique et énergétique, ainsi qu’au renouveau démocratique. L’emploi , la santé, la sécurité ou l’école devraient suivre.
Le gouvernement demande, par exemple, aux utilisateurs quels gestes ils sont prêts à faire pour réduire leurs usages numériques.
La seconde fonctionnalité offre aux citoyens la possibilité de poser des questions au gouvernement. “C’est-à-dire que les Français peuvent poser des questions sur l’application” et “peuvent voter pour la ou les questions qui seront directement posées au ministre en charge, qui répondra dans l’application”, a détaillé Olivier Véran sur France 2. “Chaque semaine, les ministres répondront à la question la plus populaire”, peut-on lire sur l’application. »
Bonne chance à ce.lles.ux qui chercheront à critiquer cette initiative, elles/ils en auront besoin.
@soumerd_retardataire @france
> Bonne chance à ce.lles.ux qui chercheront à critiquer cette initiative, elles/ils en auront besoin.
“La seconde fonctionnalité offre aux citoyens la possibilité de poser des questions au gouvernement”. Aucune garantie sur la réponse, sur les actes, aucun engagement. Le gouvernement continuera de faire ce qu’il veut et utilisera les résultats qu’il veut.
Rappel: si les citoyen.ne.s n’ont pas de pouvoir, ce n’est pas une démocratie. L’affaire présente est, au mieux, une consultation.
La consultation, la concertation, la participation, c’est tout un métier, c’est quelque chose qui demande de nombreuses compétences transverses. Le format des discussions (tout n’est pas forcément une suite de questions/réponses), l’organisation, le contenu, la partialité, tout ça c’est un peu velu, au point qu’on pourrait en faire une autorité publique indépendante. Ah bah ça tombe bien, en France on a justement la Commission Nationale au Débat Public (https://fr.wikipedia.org/wiki/Commission_nationale_du_d%C3%A9bat_public) qui existe depuis 1995 et qui s’occupe de questions sur les débats citoyens, sur la co-construction, et toutes ces choses-là. Est-ce que la CNDP a été consultée ? Je regarde le communiqué de presse (https://www.numerique.gouv.fr/uploads/Dossier%20de%20presse_Agora_Construire%20avec%20vous%20les%20d%C3%A9cisions%20de%20demain_28%20septembre%202023.pdf) et je n’en vois pas une seule mention. En même temps c’est pas hyper étonnant, la CNDP n’a qu’un avis consultatif (faudrait pas remettre le pouvoir éxécutif en question tout de même) et a été écartée pour le Grand Débat National et la Convention Citoyenne pour le Climat, à dessein, par le gouvernement. Ce qu’on a ici est dans la droite lignée
Une application mobile ne peut être utilisée que sur mobile, qui est la pire interface pour écrire du contenu. Impossible d’argumenter sur aussi peu de place, le niveau des discussions ne dépassera pas twitter. Comment je fais des liens vers des sources ? Comment je rajoute des graphiques à mon argumentation ? Comment je structure ? Il n’y aura rien de tout ça. On sait depuis longtemps que le medium influe sur le contenu. Si j’étais médisant je dirais que le choix d’une appli et rien d’autre est volontaire pour justement ne pas faire de débat, mais prétendre qu’il y en a eu un.
Encore une application non-libre, disponible uniquement sur des stores non-libres pour lesquels je dois avoir un compte chez une entreprise Américaine. La DINUM a bien sûr participé à la chose, je suis désolé de voir que le pôle Logiciels Libres (coucou @CodeGouvFr ) n’est toujours pas pris au sérieux. Il faut obligatoirement passer par une entreprise étrangère pour prétendre avoir le droit de faire de la démocratie dans son pays ? La prochaine fois que le gouvernement parlera souveraineté on n’oubliera pas de lui dire que c’est du vent.
Merci pour ton message, très complet
Ok, on peut effectivement critiquer dans le sens où ça ne va pas assez loin.
1. C’est clair, dans une démocratie le demos a du cratos, cette appli ne donne aucun pouvoir, mais ça va dans le bon sens, c’est mieux que rien. Je ne m’attendais pas à ce que tout change et que nous passions d’un coup en démocratie, mais si ce genre d’action continue nous pourrions peut-être nous diriger vers une transition, c’est notamment pour ça qu’il faut l’encourager selon moi.
Cela dit, tu auras compris que je suis de ton avis, pas de celui de l’article cité, merci beaucoup pour la correction apportée par ton commentaire !
2. Ok, intéressant, ça c’est une bonne critique, en plus d’être informatif, c’est clair que la consultation de cette appli est inutile, plus encore que la CNDP ou le Grand Débat, mais je continue de me réjouir de l’existence de ces deux dernières, ainsi que des conventions citoyennes, ils auraient pu ne rien faire qui aille dans ce sens, et une réponse par semaine est un engagement intéressant.
3. Oui, et il y a une limite de caractères la plupart du temps, et pas vraiment d’interaction prévue, c’est plus une appli de sondage que de participation citoyenne ou pour débattre(, mais c’est déjà ça ?). Ça évoluera en cas de succès.
4. 'tain c’est sûr, je n’y avais pas pensé, merci encore pour ton commentaire !
@soumerd_retardataire @france
Bah le problème c’est qu’on n’est plus dans une phase de “découverte de la démocratie”. Ca fait des siècles qu’on fait de la démocratie, ça fait des décennies que des pouvoirs essaient d’exister en dehors de l’Etat (“la Société Civile”), des expériences on en a fait plein mais l’Etat a continuellement descendu leur autorité pour garder la sienne au-dessus de tout.
Ce qu’il fait là n’est pas petit parce qu’il ne sait pas comment faire mais bien parce qu’il sait ce dont il ne veut pas, et donne donc les sillons dans lesquels il accepte que le débat existe.
Lorsque Grenoble avait mis en place une forme de RIC, en laissant les citoyen.ne.s porter une revendication qui devait à minima être discutée par le conseil municipal, voire être mise en place, la préfécture a dit non. Aujourd’hui la ville a remis en place quelque chose de similaire, vu que les habitant.e.s continuaient quand même de remonter des trucs et que le conseil municipal continuait de les mettre à l’ordre du jour. Je connais pas les détails, mais j’ai l’impression que c’est accepté aujourd’hui parce que formellemnet le maire peut toujours dire non et garder la main.
Accuser l’Etat de manque d’expérience ce serait être bien charitable avec lui
C’est d’autant plus scandaleux que depuis 2016 est développé un outil libre sous l’impulsion de la mairie de Barcelone et qui est dispo en français…
L’outil en question : Decidim
Decidim, molt bé