Enquête sur l’agrobusiness en Bretagne Fruit d’un travail de sept ans
C’est un livre qui va faire du bruit en Bretagne. “Silence dans les Champs” (Arthaud), l’enquête fleuve du journaliste breton Nicolas Legendre. Le correspondant du journal Le Monde en Bretagne dresse les contours de l’agrobusiness breton.
Fruit d’un travail de sept ans, 300 personnes se sont confiées à lui, parmi lesquelles des agriculteurs, des salariés d’abattoirs, des élus ou encore des représentants de syndicats agricoles. Il était l’invité des France Bleu de Bretagne, ce mercredi 12 avril.
France Bleu : Vous dites que cette enquête a peut-être débuté dans votre enfance, au coin de la table familiale, vous qui êtes fils de paysans… Tout petit, vous aviez décelé qu’il y avait quelque chose qui ne tournait pas rond dans ce système ? Nicolas Legendre : (rires) J’étais trop jeune pour pouvoir déceler ce genre de subtilité. Mais en tout cas, j’ai effectivement grandi dans cette ambiance, dans cette atmosphère et j’ai grappillé des choses à propos du remembrement, de la PAC, de la paye de lait, de la laiterie aussi. Et le sentiment qui se dégageait, c’est qu’il y avait des rapports de force qui étaient en place, et qui n’étaient pas forcément équilibrés.
Au cœur du système breton, il y a le productivisme, un modèle poussé par tout un tas d’acteurs, cela va de la puissante FNSEA aux coopératives en passant par les banques et les politiques. Tout ça est un système bien huilé ? C’est bien huilé et en même temps, c’est informel parce qu’il n’y a pas de monsieur productivisme qu’on pourrait aller voir quand on a une plainte à déposer. C’est vraiment quelque chose d’assez nébuleux qui regroupe à la fois des personnalités et des entités qui regroupent des instances privées, des firmes, des structures coopératives, mais aussi des instances étatiques, des syndicats. C’est tout cet ensemble qui fait système. C’est aussi pour ça que c’est difficile à appréhender. Ce n’est pas un bloc monolithique, il n’y a pas un représentant du système. C’est plus compliqué que ça.